ILE BERDER
L'Ile Berder est une des îles les plus connues du Golfe du Morbihan. Il est possible, par marée basse, de faire le tour à pied en environ une heure. Elle est magnifiquement boisée. On peut y découvrir une variété végétale de type méditerranéen.
Berder se distingue par son histoire. Tout d'abord l'étymologie de son nom. Le premier propriétaire foncier de Berder connu, en 1713, fut Mademoiselle Dubreuil-Jarno et ses frères et sœurs. C'est peut-être ici que Berder reçoit son nom puisque Berder, en vieux breton «Berdic» se traduit par frères et sœurs d'une même famille. Ceci reste une hypothèse non confirmée.
Vers 1860, la Comtesse et le Comte Arthur Mane Dillon achetèrent l'île. Le comte, homme politique français né à Paris en 1834 et mort à Berder en 1922, était un ami intime du Général Boulanger, contestataire du régime de l'époque... Il fut condamné à la déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée et fut amnistié en 1895.
A cette époque l'île était plantée de seulement quelques pins et pommiers. La petite maison basse prolongée de quelques dépendances que l'on voit encore à gauche du bâtiment principal était la seule habitation de l'île.
De retour sur l'île Berder, le Comte entreprit la construction d'une résidence confortable et de ses dépendances dans la carrière à l'ouest de l'île qu'il fit ouvrir et de laquelle on tira toute la pierre destinée aux travaux.
Grand hall, bureaux galeries, salle à manger, salle de billard, de nombreuses chambres, cinq salles de bain, rien du confort possible de l'époque n'avait été négligé. Le Comte disposait même dans son bureau d'un appareil morse par le télégraphe.
Un peu plus loin dans l'île, pour répondre aux goûts artistiques de son épouse, le Comte fit élever un bâtiment original sans beauté particulière, doté d'une tour hexagonale de cinq étages. Sur sa terrasse elle offrait aux visiteurs un magnifique panorama du Golfe du Morbihan, dont elle est le plus haut point de vue.
ll fit aménager un atelier appelé "la chambre de la photographie". lci étaient souvent reçus peintres et sculpteurs. Non loin de la tour, des dépendances et remises pour une douzaine de voitures, des écuries, un manège marqué en bas-reliefs des écussons de la famille Dillon, permettait le dressage d'une dizaine de chevaux que I'on pouvait admirer d'une tribune. A la pointe nord-est, la chapelle Ste-Anne fut élevée en 1865 pour le mariage du fils Dillon. Ce gracieux édifice abrite encore les corps du Comte et de la Comtesse.
Et l'île fut transformée en joli parc. Les ajones épineux prirent place et des arbres et arbustes de toutes espèces.
Le climat très doux permit d'acclimater palmiers et arbres résineux, oliviers et surtout mimosas en grand nombre, ce qui don ne à me son côte méditerranéen. Dillon a pendant longtemps nourri un dessein ambitieux pour l'aménagement touristique du Golfe. Son projet ne vit pas le jour mais il laissa tout de même son empreinte à Larmor-Baden qui lui doit une grande jetée.
Après avoir été vendue à la duchesse d'Uzes en 1920 par un comte Dillon désargenté, elle a été reprise ensuite par des religieux oblats puis par les Petites sœurs de l'île-aux-Moines.